Régime présidentiel (Constitution de 1993).
Pouvoir exécutif : Le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans. Il n’est pas rééligible immédiatement (doit laisser passer une période de cinq ans). Le Président nomme les membres du gouvernement.
Pouvoir législatif : Congrès monocaméral de 120 membres élus pour 5 ans au scrutin de liste à la proportionnelle. (Le Congrès ne peut être dissout par le Président de la République qu’une seule fois par mandat présidentiel).
Pouvoir judiciaire : Cour suprême (un Président et 18 juges).
Elections générales : 2011
Situation politique
1990-1995 : premier mandat du Président Fujimori, caractérisé, après la politique inflationniste du Président social-démocrate Alan Garcia, par un redressement économique d’inspiration libérale et une lutte résolue contre le terrorisme. Mis en difficulté par le Parlement, M. Fujimori le dissout et suspend la Constitution en avril 1992 ("auto-coup d’Etat").
1995-2000 : 2ème mandat du Président Fujimori : poursuite de la libéralisation de l’économie, sans parvenir à résoudre les problèmes sociaux. Les forces armées - et, en leur sein, les services secrets - ont exercé une influence grandissante sur le régime, accentuant sa dérive autoritaire. Après les élections contestées d’avril-mai 2000, M. Fujimori prend la fuite et abandonne son mandat, notamment sous la pression de la communauté internationale. Un gouvernement provisoire (M. Valentin Paniagua) assure la transition et organise de nouvelles élections.
2001-2006 : le 28 juillet 2001, M. Alejandro TOLEDO remporte les élections présidentielles à l’issue du deuxième tour (53%) devant l’ancien Président Alan Garcia (47%), sur la base d’un programme fondé sur la lutte contre la pauvreté et la corruption, ainsi que les réformes constitutionnelles et administratives (décentralisation et création de l’échelon régional). Le parti présidentiel (Perú posible) domine le Congrès (47 sièges) sans y disposer de la majorité. Le 22 juillet 2002, un accord national de gouvernabilité est souscrit entre les partis politiques et divers représentants de la société civile. Mais diverses crises politiques, entraînant plusieurs gouvernements dans la chute, vont éroder profondément le crédit du Président. Son bilan est contrasté : certes, le Président Toledo peut s’enorgueillir d’avoir été l’artisan d’un redressement économique remarquable, grâce à sa gestion rigoureuse et orthodoxe (assainissement des finances publiques dégageant un excédent budgétaire, exportations multipliées par 2,5, croissance moyenne de 5%, appréciation favorable du risque-pays). Mais les retombées sociales n’ont pas suivi : la population a été déçue par un régime qui n’a pas permis de résoudre ses difficultés quotidiennes, et notamment le niveau du sous-emploi (près de 60% de la population active), en dépit des mesures prises en faveur des catégories sociales les plus vulnérables (la pauvreté a reculé de 54,3% à 50%, et l’extrême pauvreté de 24,1% à 18,5%).
Elections du printemps 2006 : l’émergence rapide d’un nouveau candidat à l’élection présidentielle en la personne de M. Ollanta Humala, ancien militaire, à la tête d’une petite formation nationaliste et radicale, a provoqué une levée de boucliers dans la classe politique traditionnelle. De fait, porté par la victoire d’Evo Morales en Bolivie et fort du soutien affiché du Président vénézuélien Chavez, le candidat Humala a remporté le premier tour des élections du 9 avril (30,62%) devant l’ancien Président Alan Garcia (24,33%). Mais au final, l’apport massif des voix de Lima (un tiers de l’électorat) et des principales zones urbaines, conjugué avec la fidélité des bases Apristes de la côte nord et d’un fort report des voix de droite, ont permis à M. Garcia de remporter l’élection présidentielle au second tour, le 4 juin, avec 53% des voix. Conscient d’avoir été le candidat du « moindre mal », compte tenu du bilan catastrophique de sa présidence des années 1985-1990, M. Garcia a évité tout triomphalisme, tout en estimant qu’il avait infligé un sérieux revers au projet Chaviste dans la région. Il doit en outre composer avec le Congrès car l’APRA ne dispose pas de la majorité. Face à une opposition peu organisée, le nouveau gouvernement constitue des alliances « sur mesure » selon les dossiers.
Situation récente
Investi le 28 juillet 2006, M. Alan GARCIA a inauguré une politique volontariste d’austérité budgétaire, de développement par le soutien aux investissements, et de lutte contre la pauvreté. Il a bénéficié, pendant les six premiers mois de son mandat, d’une accalmie politique aussi remarquable qu’inattendue, servi par l’affaiblissement de l’opposition humaliste. Les premiers mois de son gouvernement se caractérisent aussi par des initiatives discutables censées répondre aux attentes de la population : contrôle accru de l’activité des ONG (loi promulguée en décembre 2006, remise en cause depuis) et projet de rétablissement de la peine de mort (pour les violeurs et assassins d’enfants ainsi que les terroristes). Le projet de rétablissement de la peine de mort, qui a fait l’objet de démarches européennes dissuasives, a été rejeté par le Congrès en janvier 2007, malgré un soutien massif de l’opinion publique.
Les élections régionales, provinciales et municipales de novembre 2006 ont, entre temps, consacré la déroute de l’ensemble des partis « nationaux » (dont le parti présidentiel, qui ne conserve que 3 régions sur 12) au profit de mouvements « régionaux » ou « indépendants » qui emportent la grande majorité des régions et des provinces. Ce revers cinglant met à nouveau en lumière la faible représentativité des partis politiques anciens ou nouveaux (car les partis Humalistes n’échappent pas à la règle) face à des allégeances locales, mais plus concrètes.
En 2007, le gouvernement est entré dans une phase de turbulences. Malgré la mise en œuvre de grands chantiers de développement (Sierra exportatrice, Choc des investissements, Eau pour tous...) et la mise en place d’une réforme du système éducatif, l’agitation sociale, aux causes multiples, n’a fait que se renforcer. La cote de popularité du Président a baissé en conséquence, principalement dans la Sierra. Au Parlement, largement discrédité dans l’opinion (13% d’opinions favorables), le gouvernement continue de s’appuyer sur l’APRA, le parti Fujimoriste et les partis de droite pour faire passer la plupart des textes législatifs. L’opposition reste, quant à elle, divisée et affaiblie (fin du bloc PNP/UPP). Un premier remaniement ministériel (19 décembre) confirme l’ancrage pro-libéral du gouvernement, suivi d’une loi qui modifie légèrement l’organisation du pouvoir exécutif au profit du Premier Ministre.
L’agitation sociale reprend en 2008, où diverses protestations paysannes dans les Andes font 9 morts et de nombreux blessés (février 2008), les forces de l’ordre étant autorisées à faire usage d’armes à feu dans le cadre du décret 982. A cette occasion, le gouvernement confirme sa ligne dure en matière de répression, s’attirant de nombreuses critiques au Congrès et de la part des défenseurs des droits de l’Homme.
Les défis auxquels est confronté le gouvernement d’Alan Garcia sont nombreux. La capacité institutionnelle du pays ne s’est pas sensiblement améliorée, le déficit d’infrastructures persiste (un grand chantier de liaison routière avec le Brésil est cependant en cours), et le processus de décentralisation entraîne bien des crispations, malgré des transferts budgétaires importants vers les régions. Le violent séisme du 15 août (plus de 500 morts et des milliers de sans abris) va poser des problèmes de reconstruction et entraîner de fortes dépenses, malgré l’aide internationale. Divers problèmes endémiques demeurent : la persistance résiduelle de foyers du "Sentier Lumineux" qui se sont reconvertis dans le narcotrafic, la forte progression des cultures de coca (le Pérou est le deuxième producteur mondial de cocaïne), et la récurrence des conflits sociaux aggravés par la non reconnaissance par l’Etat de la question indigène (41% de la population), qui illustre la fragilité du tissu social et la faiblesse chronique de l’Etat.
En matière de droits de l’Homme, le rapport de la Commission Vérité et Réconciliation, publié en août 2003, a évalué à 70 000 le nombre des victimes des violences armées de la période 1980-2000 (guérillas du MRTA et surtout du "Sentier Lumineux"). L’administration est réticente à mettre en oeuvre les recommandations de la CVR, même si un geste a été fait en direction des victimes (création d’un fonds d’indemnisation). Le gouvernement Garcia se signale, par ailleurs, par son faible engagement en matière de droits de l’Homme, son rejet de toute mise en cause du rôle de l’Armée et une profonde méfiance à l’égard des recommandations de la CIDH.
Affaire Fujimori : L’arrivée inopinée au Chili, le 6 novembre 2005, de l’ex-Président Fujimori a fait sensation, dans le contexte de la campagne électorale. Détenu à Santiago en attendant l’aboutissement de la demande d’extradition péruvienne, puis remis en liberté provisoire, l’intéressé, au demeurant inéligible jusqu’en 2011, n’a pu peser sur le cours des choses. Après avoir été rejetée, dans un premier temps, par la Cour Suprême chilienne (juillet 2007), la demande d’extradition a été acceptée en appel et l’ex-Président a été aussitôt transféré au Pérou le 22 septembre. Un procès « historique » s’est ouvert le 27 novembre 2007, pour diverses affaires de corruption et d’atteintes aux droits de l’Homme, qui a abouti à une première condamnation à 6 ans de prison (dans une affaire mineure). Les audiences sont diffusées en direct à la télévision et à la radio, assurant à ce procès au long cours un très large écho médiatique et populaire.
(source:france diplomatie)